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le duc de Rhétoré ? ... " vaudrait mieux alors donner cet argent à des poètes , ils vous feraient aller en vers et en prose à l' immortalité , comme feu Monthyon ! " à force d' être taonné , le marquis reconnut le creux du turf , il réalisa cette économie de soixante mille francs , et l' année suivante Mme Schontz lui dit : " Je ne te coûte plus rien , Arthur ! " Beaucoup de gens riches envièrent alors Mme Schontz au marquis et tâchèrent de la lui enlever , mais , comme le prince russe , ils y perdirent leur vieillesse .
" Écoute , mon cher , avait - elle dit quinze jours auparavant à Finot devenu fort riche , je suis sûr que Rochefide me pardonnerait une petite passion si je devenais folle de quelqu' un , et l' on ne quitte jamais un marquis de cette bonne enfance - là pour un parvenu comme toi .
Tu ne me maintiendrais pas dans la position où m' a mise Arthur , il a fait de moi une demi - femme comme il faut , et toi tu ne pourrais jamais y parvenir , même en m' épousant .
" Ceci fut le dernier clou rivé qui compléta le ferrement de cet heureux forçat .
Le propos parvint aux oreilles absentes pour lesquelles il fut tenu .
La quatrième phase était donc commencée , celle de l' accoutumance , la dernière victoire de ces plans de campagne , et qui fait dire d' un homme par ces sortes de femmes : " Je le tiens ! " Rochefide , qui venait d' acheter le petit hôtel au nom de Mlle Joséphine Schiltz , une bagatelle de quatre - vingt mille francs , en était arrivé , lors des projets formés par la duchesse , à tirer vanité de sa maîtresse qu' il nommait Ninon II , en en célébrant ainsi la probité rigoureuse , les excellentes manières , l' instruction et l' esprit .
Il avait résumé ses défauts et ses qualités , ses goûts , ses plaisirs par Mme Schontz , et il se trouvait à ce passage de la vie où , soit lassitude , soit indifférence , soit philosophie , un homme ne change plus , et s' en tient ou à sa femme ou à sa maîtresse .
On comprendra toute la valeur acquise en cinq ans par Mme Schontz , en apprenant qu' il fallait être proposé longtemps à l' avance pour être présenté chez elle . Elle avait refusé de recevoir des gens riches ennuyeux , des gens tarés , elle ne se départait de ses rigueurs qu' en faveur des grands noms de l' aristocratie .

BEATRIX (II, privé)
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