----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Hier , quand vous nous avez laissés seuls , Mme Schontz et moi , j' ai voulu vous la souffler ; mais elle m' a dit : " Mon prince , vous n' êtes pas plus beau , mais vous êtes plus âgé que Rochefide ; vous me battriez , et il est comme un père pour moi , trouvez - moi là le quart d' une bonne raison pour changer ? ... Je n' ai pas pour Arthur la passion folle que j' ai eue pour des petits drôles à bottes vernies , et de qui je payais les dettes ; mais je l' aime comme une femme aime son mari quand elle est honnête femme .
" Et elle m' a mis à la porte .
" Ce discours , qui ne sentait pas la charge , eut pour effet de prodigieusement aider à l' état d' abandon et de dégradation qui déshonorait l' hôtel de Rochefide .
Bientôt , Arthur transporta sa vie et ses plaisirs chez Mme Schontz , et il s' en trouva bien ; car , au bout de trois ans , il eut quatre cent mille francs à placer .
La troisième phase commença . Mme Schontz devint la plus tendre des mères pour le fils d' Arthur , elle allait le chercher à son collège et l' y ramenait elle - même ; elle accabla de cadeaux , de friandises , d' argent cet enfant qui l' appelait sa petite maman , et de qui elle fut adorée .
Elle entra dans le maniement de la fortune de son Arthur , elle lui fit acheter des rentes en baisse avant le fameux traité de Londres qui renversa le ministère du 1er mars .
Arthur gagna deux cent mille francs , et Aurélie ne demanda pas une obole . En gentilhomme qu' il était , Rochefide plaça ses six cent mille francs en actions de la Banque , et il en mit la moitié au nom de Mlle Joséphine Schiltz .
Un petit hôtel , loué rue de La Bruyère , fut remis à Grindot ce grand architecte en petits décors , avec ordre d' en faire une voluptueuse bonbonnière .
Rochefide ne compta plus dès lors avec Mme Schontz , qui recevait les revenus , et payait les mémoires . Devenue sa femme ... de confiance , elle justifia ce titre en rendant son gros papa plus heureux que jamais ; elle en avait reconnu les caprices , elle les satisfaisait comme Mme de Pompadour caressait les fantaisies de Louis XV .
Elle fut enfin maîtresse en titre , maîtresse absolue .
Aussi se permit - elle alors de protéger des petits jeunes gens ravissants , des artistes , des gens de lettres nouveau - nés à la gloire qui niaient les anciens et les modernes et tâchaient de se faire une grande réputation en faisant peu de chose .

BEATRIX (II, privé)
Page: 901