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Mme Schontz obtint alors un bel appartement , rue Neuve - Saint - Georges . Arthur , ne pouvant plus dissimuler sa fortune à Mme Schontz , lui donna des meubles splendides , une argenterie complète , douze cents francs par mois , une petite voiture basse à un cheval , mais à location , et il accorda le tigre assez gracieusement . La Schontz ne sut aucun gré de cette munificence , elle découvrit les motifs de la conduite de son Arthur et y reconnut des calculs de rat .
Excédé de la vie de restaurant où la chère est la plupart du temps exécrable , où le moindre dîner de gourmet coûte soixante francs pour un , et deux cents francs quand on invite trois amis .
Rochefide offrit à Mme Schontz quarante francs par jour pour son dîner et celui d' un ami , tout compris . Aurélie accepta . Après avoir fait accepter toutes ses lettres de change de morale , tirées à un an sur les habitudes de M .
de Rochefide , elle fut alors écoutée avec faveur quand elle réclama cinq cents francs de plus par mois pour sa toilette , afin de ne pas couvrir de honte son gros papa dont les amis appartenaient tous au Jockey - Club .
" Ce serait du joli , dit - elle , si Rastignac , Maxime de Trailles , d' Esgrignon , La Roche - Hugon , Ronquerolles , Laginski , Lenoncourt , et autres vous trouvaient avec une Mme Everard ! D' ailleurs , ayez confiance en moi , mon gros père , vous y gagnerez ! " En effet , Aurélie s' arrangea pour déployer de nouvelles vertus dans cette nouvelle phase .
Elle se dessina dans un rôle de ménagère dont elle tira le plus grand parti .
Elle nouait , disait - elle , les deux bouts du mois sans dettes avec deux mille cinq cents francs , ce qui ne s' était jamais vu dans le faubourg Saint - Germain du treizième arrondissement , et elle servait des dîners infiniment supérieurs à ceux de Nucingen , on y buvait des vins exquis à dix et douze francs la bouteille .
Aussi , Rochefide émerveillé , très heureux de pouvoir inviter souvent ses amis chez sa maîtresse en y trouvant de l' économie , disait - il en la serrant par la taille : " Voilà un trésor ! ... " Bientôt il loua pour elle un tiers de loge aux Italiens , puis il finit par la mener aux premières représentations .
Il commençait à consulter son Aurélie en reconnaissant l' excellence de ses conseils , elle lui laissait prendre les mots spirituels qu' elle disait à tout propos et qui , n' étant pas connus , relevèrent sa réputation d' homme amusant .
Enfin il acquit la certitude d' être aimé véritablement et pour lui - même .
Aurélie refusa de faire le bonheur d' un prince russe à raison de cinq mille francs par mois .
" Vous êtes heureux , mon cher marquis , s' écria le vieux prince Galathionne en finissant au club une partie de whist .

BEATRIX (II, privé)
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