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Cette nature malsaine et froide , persistante et molle , qui tient du mollusque et du corail , ose s' appeler Béatrix ! ... Déjà ! ma chère mère , me voilà forcée d' avoir l' oeil à un soupçon quand mon coeur est tout à Calyste , et n' est - ce pas une grande catastrophe que l' oeil l' ait emporté sur le coeur , que le soupçon enfin se soit trouvé justifié ? Voici comment . " Ce lieu m' est cher , ai - je dit à Calyste un matin , car je lui dois mon bonheur , aussi te pardonné - je de me prendre quelquefois pour une autre ... " Ce loyal Breton a rougi , je lui ai sauté au cou , mais j' ai quitté les Touches , et je n' y reviendrai jamais .
" à la force de la haine qui me fait souhaiter la mort de Mme de Rochefide ( oh ! mon Dieu naturellement d' une fluxion de poitrine , d' un accident quelconque ) , j' ai reconnu l' étendue , la puissance de mon amour pour Calyste .
Cette femme est venue troubler mon sommeil , je la vois en rêve , dois - je donc la rencontrer ? ... Ah ! la postulante de la Visitation avait raison : les Touches sont un lieu fatal , Calyste y a retrouvé ses impressions , elles sont plus fortes que les délices de notre amour .
Sachez , ma chère mère , si Mme de Rochefide est à Paris , car alors je resterai dans nos terres de Bretagne .
Pauvre Mlle des Touches qui se repent maintenant de m' avoir fait habiller en Béatrix pour le jour du contrat , afin de faire réussir son plan , si elle apprenait jusqu' à quel point je viens d' être prise pour notre odieuse rivale , que dirait - elle ? Mais c' est une prostitution ! je ne suis plus moi , j' ai honte .
Je suis en proie à une envie furieuse de fuir Guérande et les sables du Croisic . "
25 août .
" Décidément , je retourne aux ruines du Guénic . Calyste , assez inquiet de mon inquiétude , m' emmène . Ou il connaît peu le monde s' il ne devine rien , ou s' il sait la cause de ma fuite , il ne m' aime pas . Je tremble tant de trouver une affreuse certitude si je la cherche , que je me mets , comme les enfants , les mains devant les yeux pour ne pas entendre une détonation .
Oh ! ma mère , je ne suis pas aimée du même amour que je me sens au coeur .

BEATRIX (II, privé)
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