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Son homme d' affaires venait de remplacer cette habitation par l' un des plus beaux hôtels de la rue de Bourbon , acheté sept cent mille francs . Sur le reste du prix de sa maison de la rue du Mont - Blanc , elle consacrait un million au rachat des terres de la maison du Guénic , et disposait de toute sa fortune en faveur de Sabine de Grandlieu qu' elle chargeait de guérir Calyste de sa passion pour Mme de Rochefide .
Félicité connaissait les projets du duc et de la duchesse qui destinaient la dernière de leurs cinq filles au vicomte de Grandlieu , héritier de leurs titres ; elle savait que Clotilde - Frédérique , la seconde , voulait rester fille sans néanmoins se faire religieuse comme l' aînée et il ne restait à marier que l' avant - dernière , la jolie Sabine , alors âgée de vingt ans .
Pendant le voyage , Félicité mit la baronne au fait de ces arrangements . On meublait alors l' hôtel de la rue de Bourbon , qu' elle destinait à Calyste au cas où ses projets réussiraient . Tous trois descendirent alors à l' hôtel de Grandlieu où la baronne fut reçue avec toute la distinction que lui méritait son nom de femme et de fille .
Mlle des Touches conseilla naturellement à Calyste de voir Paris pendant qu' elle y chercherait à savoir où se trouvait en ce moment Béatrix , et elle le livra aux séductions de toute espèce qui l' y attendaient .
La duchesse , ses deux filles et leurs amis firent à Calyste les honneurs de Paris au moment où la saison des fêtes allait commencer .
Le mouvement de Paris donna de violentes distractions au jeune Breton . Il trouva quelque ressemblance d' esprit avec Mme de Rochefide dans Sabine de Grandlieu , qui certes était alors une des plus belles et des plus charmantes filles de la société parisienne , et il prêta dès lors à ses coquetteries une attention que nulle autre femme n' aurait obtenue de lui .
Sabine de Grandlieu joua d' autant mieux son rôle que Calyste lui plut .
Les choses furent si bien menées que , pendant l' hiver de 1837 , le jeune baron du Guénic , qui avait repris ses couleurs et sa fleur de jeunesse , entendit sans répugnance sa mère lui rappelant la promesse faite à son père mourant , et parlant de son mariage avec Sabine de Grandlieu .
Mais , tout en obéissant à sa promesse , il cachait une indifférence secrète que connaissait la baronne , et qu' elle espérait voir se dissiper par les plaisirs d' un heureux ménage .

BEATRIX (II, privé)
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