----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Béatrix demanda d' une voix faible à être couchée , elle se sentait défaillir . Calyste la coucha entre le granit et le buis sur le terreau frais .
" Je vous ai vu , Calyste , dit Camille . Que Béatrix meure ou soit sauvée , ceci ne doit être jamais qu' un accident .
Elle me haïra , dit - il les yeux mouillés .
Elle t' adorera , répondit Camille . Nous voilà revenus de notre promenade , il faut la transporter aux Touches . Que serais - tu donc devenu si elle était morte ? lui dit - elle .
Je l' aurais suivie .
Et ta mère ? ... " Puis , après une pause : " Et moi ? " dit - elle faiblement .
Calyste resta pâle , le dos appuyé au granit , immobile silencieux . Gasselin revint promptement d' une des petites fermes éparses dans les champs en courant avec une échelle qu' il y avait trouvée . Béatrix avait repris quelques forces .
Quand Gasselin eut placé l' échelle , la marquise put , aidée par Gasselin qui pria Calyste de passer le châle rouge de Camille sous les bras de Béatrix et de lui en apporter le bout , arriver sur la plate - forme ronde , où Gasselin la prit dans ses bras comme un enfant , et la descendit sur la plage .
" Je n' aurais pas dit non à la mort ; mais les souffrances ! " dit - elle à Mlle des Touches d' une voix faible .
La faiblesse et le brisement que ressentait Béatrix forcèrent Camille à la faire porter à la ferme où Gasselin avait emprunté l' échelle . Calyste , Gasselin et Camille se dépouillèrent des vêtements qu' ils pouvaient quitter , firent un matelas sur l' échelle , y placèrent Béatrix et la portèrent comme sur une civière .
Les fermiers offrirent leur lit . Gasselin courut à l' endroit où attendaient les chevaux , en prit un , et alla chercher le chirurgien du Croisic , après avoir recommandé aux bateliers de venir à l' anse la plus voisine de la ferme .
Calyste , assis sur une escabelle , répondait par des mouvements de tête et par de rares monosyllabes à Camille , dont l' inquiétude était excitée et par l' état de Béatrix et par celui de Calyste .
Après une saignée , la malade se trouva mieux ; elle put parler , consentit à s' embarquer , et vers cinq heures du soir elle fut transportée de la jetée de Guérande aux Touches , où le médecin de la ville l' attendait .

BEATRIX (II, privé)
Page: 812