----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Pour toute réponse , Calyste prit sa mère dans ses bras et la baisa sur les joues , au front , dans les cheveux , avec une de ces effusions passionnées qui ravissent les mères et les pénètrent des subtiles flammes de la vie qu' elles ont donnée .
" C' est toi que j' aime , dit Calyste à sa mère presque honteuse et rougissant , toi qui ne vis que pour moi , toi que je voudrais rendre heureuse .
Mais tu n' es pas dans ton assiette ordinaire , mon enfant , dit la baronne en contemplant son fils . Que t' est - il arrivé ?
Camille m' aime , et je ne l' aime plus " , dit - il .
La baronne attira Calyste à elle , le baisa au front , et Calyste entendit , dans le profond silence de cette vieille salle brune et tapissée , les coups d' une vive palpitation au coeur de sa mère . L' Irlandaise était jalouse de Camille , et pressentait la vérité .
Cette mère avait , en attendant son fils toutes les nuits , creusé la passion de cette femme ; elle avait , conduite par les lueurs d' une méditation obstinée , pénétré dans le coeur de Camille , et , sans pouvoir se l' expliquer , elle avait imaginé chez cette fille une fantaisie de maternité .
Le récit de Calyste épouvanta cette mère simple et naïve .
" Eh bien , dit - elle après une pause , aime Mme de Rochefide , elle ne me causera pas de chagrin . "
Béatrix n' était pas libre , elle ne dérangeait aucun des projets formés pour le bonheur de Calyste , du moins Fanny le croyait , elle voyait une espèce de belle - fille à aimer , et non une autre mère à combattre .
" Mais Béatrix ne m' aimera pas , s' écria Calyste .
Peut - être , répondit la baronne d' un air fin . Ne m' as - tu pas dit qu' elle allait être seule demain .
Oui .
Eh bien , mon enfant , ajouta la mère en rougissant . La jalousie est au fond de tous nos coeurs , et je ne savais pas la trouver un jour au fond du mien , car je ne croyais pas qu' on dût me disputer l' affection de mon Calyste ! " Elle soupira .
" Je croyais , dit - elle , que le mariage serait pour toi ce qu' il a été pour moi . Quelles lueurs tu as jetées dans mon âme depuis deux mois ! de quels reflets se colore ton amour si naturel , pauvre ange ! Eh bien , aie l' air de toujours aimer ta Mlle des Touches , la marquise en sera jalouse et tu l' auras .
Oh ! ma bonne mère , Camille ne m' aurait pas dit cela , s' écria Calyste en tenant sa mère par la taille et la baisant sur le cou .
BEATRIX (II, privé)
Page: 754