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Mlle des Touches regarda Claude en dissimulant une vague inquiétude . Béatrix , ne voyant point Calyste , tourna la tête comme pour savoir quel effet cette musique lui faisait éprouver , moins par intérêt pour lui que pour la satisfaction de Conti : elle aperçut dans l' embrasure un visage blanc couvert de grosses larmes . à cet aspect , comme si quelque vive douleur l' eût atteinte , elle détourna promptement la tête et regarda Gennaro .
Non seulement la Musique s' était dressée devant Calyste , l' avait touché de sa baguette divine , l' avait lancé dans la création et lui en avait dépouillé les voiles , mais encore il était abasourdi du génie de Conti .
Malgré ce que Camille Maupin lui avait dit de son caractère , il lui croyait alors une belle âme , un coeur plein d' amour .
Comment lutter avec un pareil artiste ? comment une femme ne l' adorerait - elle pas toujours ? Ce chant entrait dans l' âme comme une autre âme . Le pauvre enfant était autant accablé par la poésie que par le désespoir : il se trouvait être si peu de chose ! Cette accusation ingénue de son néant se lisait mêlée à son admiration .
Il ne s' aperçut pas du geste de Béatrix , qui , ramenée vers Calyste par la contagion des sentiments vrais , le montra par un signe à Mlle des Touches .
" Oh ! l' adorable coeur ! dit Félicité . Conti , vous ne recueillerez jamais d' applaudissements qui vaillent l' hommage de cet enfant . Chantons alors un trio . Béatrix , ma chère , venez ? "
Quand la marquise , Camille et Conti se mirent au piano , Calyste se leva doucement à leur insu , se jeta sur un des sofas de la chambre à coucher dont la porte était ouverte , et y demeura plongé dans son désespoir .
BEATRIX (II, privé)
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