----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Le marquis comptait aller je ne sais où , chez sa maîtresse peut - être ! Il s' était habillé avant le dîner , il n' avait qu' à prendre ses gants et son chapeau , lorsqu' il entendit rouler la voiture de sa femme dans la cour sous la marquise du perron . Il passa chez elle et la trouva prête , mais dans le dernier étonnement de le voir . " Où allez - vous ? lui demanda - t - elle .
Ne vous ai - je pas dit que je vous accompagnais aux Italiens ? " La marquise réprima les mouvements extérieurs d' une violente contrariété ; mais ses joues prirent une teinte de rose vif , comme si elle eût mis du rouge .
" Eh bien , partons " , dit - elle . Rochefide la suivit sans prendre garde à l' émotion trahie par la voix de sa femme , que dévorait la colère la plus concentrée . " Aux Italiens ? dit le mari .
Non , s' écria Béatrix , chez Mlle des Touches . J' ai quelques mots à lui dire " , reprit - elle quand la portière fut fermée . La voiture partit . " Mais , si vous le vouliez , reprit Béatrix , je vous conduirais d' abord aux Italiens , et j' irais chez elle après .
Non , répondit le marquis , si vous n' avez que quelques mots à lui dire , j' attendrai dans la voiture ; il est sept heures et demie .
" Si Béatrix avait dit à son mari : " Allez aux Italiens et laissez - moi tranquille " , il aurait paisiblement obéi . Comme toute femme d' esprit , elle eut peur d' éveiller ses soupçons en se sentant coupable , et se résigna .
Quand elle voulut quitter les Italiens pour venir chez moi , son mari l' accompagna . Elle entra rouge de colère et d' impatience . Elle vint à moi et me dit à l' oreille de l' air le plus tranquille du monde : " Ma chère Félicité , je partirai demain soir avec Conti pour l' Italie , priez - le de faire ses préparatifs et d' être avec une voiture et un passeport ici .
" Elle partit avec son mari .
Les passions violentes veulent à tout prix leur liberté . Béatrix souffrait depuis un an de sa contrainte et de la rareté de ses rendez - vous , elle se regardait comme unie à Gennaro . Ainsi rien ne me surprit .
à sa place , avec mon caractère , j' eusse agi de même . Elle se résolut à cet éclat en se voyant contrariée de la manière la plus innocente . Elle prévint le malheur par un malheur plus grand . Conti fut d' un bonheur qui me navra , sa vanité seule était en jeu .

BEATRIX (II, privé)
Page: 721