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Ces opéras appartiennent ostensiblement à Conti , l' un des artistes les plus éminents de notre époque ; mais cette circonstance tient à l' histoire de son coeur et s' expliquera plus tard . La médiocrité du monde de province l' ennuyait si fortement , elle avait dans l' imagination des idées si grandioses , qu' elle déserta les salons après y avoir reparu pour éclipser les femmes par l' éclat de sa beauté , jouir de son triomphe sur les musiciennes , et se faire adorer par les gens d' esprit ; mais , après avoir démontré sa puissance à ses deux cousines et désespéré deux amants , elle revint à ses livres , à son piano , aux oeuvres de Beethoven et au vieux Faucombe .
En 1812 , elle eut vingt et un ans , l' archéologue lui rendit ses comptes de tutelle ; ainsi , dès cette année , elle prit la direction de sa fortune composée de quinze mille livres de rentes que donnait les Touches , le bien de son père ; des douze mille francs que rapportaient alors les terres de Faucombe , mais dont le revenu s' augmenta d' un tiers au renouvellement des baux ; et d' un capital de trois cent mille francs économisé par son tuteur .
De la vie de province , Félicité ne prit que l' entente de la fortune et cette pente à la sagesse administrative qui peut - être y rétablit la balance entre le mouvement ascensionnel des capitaux vers Paris .
Elle reprit ses trois cent mille francs à la maison où l' archéologue les faisait valoir , et les plaça sur le Grand - Livre au moment des désastres de la retraite de Moscou .
Elle eut trente mille francs de rentes de plus .
Toutes ses dépenses acquittées , il lui restait cinquante mille francs par an à placer .
à vingt et un ans , une fille de ce vouloir était l' égale d' un homme de trente ans .
Son esprit avait pris une énorme étendue , et des habitudes de critique lui permettaient de juger sainement les hommes , les arts , les choses et la politique .
Dès ce moment elle eut l' intention de quitter Nantes , mais le vieux Faucombe tomba malade de la maladie qui l' emporta .
Elle était comme la femme de ce vieillard , elle le soigna pendant dix - huit mois avec le dévouement d' un ange gardien , et lui ferma les yeux au moment où Napoléon luttait avec l' Europe sur le cadavre de la France .
Elle remit donc son départ pour Paris à la fin de cette lutte . Royaliste , elle courut assister au retour des Bourbons à Paris . Elle y fut accueillie par les Grandlieu , avec lesquels elle avait des liens de parenté ; mais les catastrophes du Vingt - Mars arrivèrent , et tout pour elle fut en suspens .

BEATRIX (II, privé)
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