----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Tu savais les choses essentielles en connaissant bien les devoirs que nous enseigne la religion , répondit la baronne . Ah ! cette femme détruira tes nobles et saintes croyances . "
La vieille fille se leva , étendit solennellement les mains vers son frère , qui sommeillait .
" Calyste , dit - elle d' une voix qui partait du coeur , ton père n' a jamais ouvert de livres , il parle breton , il a combattu dans le danger pour le roi et pour Dieu .
Les gens instruits avaient fait le mal , et les gentilshommes savants avaient quitté leur patrie . Apprends si tu veux ! "
Elle se rassit et se remit à tricoter avec l' activité que lui prêtait son émotion intérieure . Calyste fut frappé de ce discours à la Phocion .
" Enfin , mon ange , j' ai le pressentiment de quelque malheur pour toi dans cette maison , dit la mère d' une voix altérée et en roulant des larmes .
Qui fait pleurer Fanny ? " s' écria le vieillard réveillé en sursaut par le son de voix de sa femme . Il regarda sa soeur , son fils et la baronne . " Qu' y a - t - il ?
Rien , mon ami , répondit la baronne .
Maman , répondit Calyste à l' oreille de sa mère et à voix basse , il m' est impossible de m' expliquer en ce moment , mais ce soir nous causerons . Quand vous saurez tout , vous bénirez Mlle des Touches .
Les mères n' aiment pas à maudire , répondit la baronne , et je ne maudirais pas la femme qui aimerait bien mon Calyste . "
Le jeune homme dit adieu à son vieux père et sortit . Le baron et sa femme se levèrent pour le regarder passer dans la cour , ouvrir la porte et disparaître . La baronne ne reprit pas le journal , elle était émue .
Dans cette vie si tranquille , si unie , la courte discussion qui venait d' avoir lieu équivalait à une querelle chez une autre famille . Quoique calmée , l' inquiétude de la mère n' était d' ailleurs pas dissipée .
Où cette amitié , qui pouvait réclamer la vie de Calyste et la mettre en péril , l' allait - elle mener ? Comment la baronne aurait - elle à bénir Mlle des Touches ? Ces deux questions étaient aussi graves pour cette âme simple que pour des diplomates la révolution la plus furieuse .
Camille Maupin était une révolution dans cet intérieur doux et calme .
" J' ai bien peur que cette femme ne nous le gâte , dit - elle en reprenant le journal .
BEATRIX (II, privé)
Page: 686