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Tout à coup , comme mordue par une vipère , elle quitta Calyste , alla se jeter sur un divan , et s' y évanouit car la réaction subite du froid sur son coeur enflammé , faillit la tuer . En tenant ainsi Calyste , en plongeant le nez dans sa cravate , abandonnée qu' elle était à sa joie , elle avait senti l' odeur du papier de la lettre ! ... .
Une autre tête de femme avait roulé là , dont les cheveux et la figure laissaient une odeur adultère . Elle venait de baiser la place où les baisers de sa rivale étaient encore chauds ! ...
" Qu' as - tu ? ... dit Calyste après avoir rappelé Sabine à la vie en lui passant sur le visage un linge mouillé .
Allez chercher mon médecin et mon accoucheur , tous deux ! Oui , j' ai , je le sens , une révolution de lait ... Ils ne viendront à l' instant que si vous les en priez vous - même ... "
Le vous frappa Calyste qui , tout effrayé , sortit précipitamment . Dès que Sabine entendit la porte cochère se fermant , elle se leva comme une biche effrayée , elle tourna dans son salon comme une folle en criant : " Mon Dieu ! mon Dieu ! mon Dieu ! " Ces deux mots tenaient lieu de toutes ses idées .
La crise qu' elle avait annoncée comme prétexte eut lieu . Ses cheveux devinrent dans sa tête autant d' aiguilles rougies au feu des névroses .
Son sang bouillonnant lui parut à la fois se mêler à ses nerfs et vouloir sortir par ses pores ! Elle fut aveugle pendant un moment . Elle cria : " Je meurs ! "
Quand , à ce terrible cri de mère et de femme attaquée , sa femme de chambre entra ; quand , prise et portée au lit , elle eut recouvré la vue et l' esprit , le premier éclair de son intelligence fut pour envoyer cette fille chez son amie , Mme de Portenduère .
Sabine sentit ses idées tourbillonnant dans sa tête comme des fétus emportés par une trombe . " J' en ai vu , disait - elle plus tard , des myriades à la fois .
" Elle sonna le valet de chambre , et , dans le transport de la fièvre , elle eut la force d' écrire la lettre suivante , car elle était dominée par une rage , celle d' avoir une certitude ...
à MADAME LA BARONNE DU GUÉNIC

BEATRIX (II, privé)
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