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Quand les deux amants furent seuls , Emmanuel tendit une main à Marguerite qui ne put s' empêcher d' y mettre sa main droite . Ils se levèrent par un mouvement unanime en se dirigeant vers leur banc dans le jardin ; mais au milieu du parloir , l' amant ne put résister à sa joie , et d' une voix que l' émotion rendit tremblante , il dit à Marguerite : " J' ai trois cent mille francs à vous ! ... - Comment , s' écria - t - elle , ma pauvre mère vous aurait encore confié ? ... Non . Quoi ?
- Oh ! ma Marguerite , ce qui est à moi , n' est - il pas à vous ? N' est - ce pas vous qui la première avez dit nous ?
- Cher Emmanuel " , dit - elle en pressant la main qu' elle tenait toujours ; et , au lieu d' aller au jardin , elle se jeta dans la bergère .
" N' est - ce pas à moi de vous remercier , dit - il avec sa voix d' amour , puisque vous acceptez .
- Ce moment , dit - elle , mon cher bien - aimé , efface bien des douleurs , et rapproche un heureux avenir ! Oui , j' accepte ta fortune , reprit - elle en laissant errer sur ses lèvres un sourire d' ange , je sais le moyen de la faire mienne .
" Elle regarda le portrait de Van Claës comme pour avoir un témoin . Le jeune homme qui suivait les regards de Marguerite ne lui vit pas tirer de son doigt une bague de jeune fille , et ne s' aperçut de ce geste qu' au moment où il entendit ces paroles : " Au milieu de nos profondes misères , il surgit un bonheur .
Mon père me laisse , par insouciance , la libre disposition de moi - même , dit - elle en tendant la bague , prends , Emmanuel ? Ma mère te chérissait , elle t' aurait choisi .
"
Les larmes vinrent aux yeux d' Emmanuel , il pâlit , tomba sur ses genoux , et dit à Marguerite en lui donnant un anneau qu' il portait toujours : " Voici l' alliance de ma mère ! Ma Marguerite , reprit - il en baisant la bague , n' aurai - je donc d' autre gage que ceci ! "
Elle se baissa pour apporter son front aux lèvres d' Emmanuel .
" Hélas ! mon pauvre aimé , ne faisons - nous pas là quelque chose de mal ? dit - elle tout émue , car nous attendrons longtemps .
- Mon oncle disait que l' adoration était le pain quotidien de la patience , en parlant du chrétien qui aime Dieu . Je puis t' aimer ainsi , je t' ai , depuis longtemps , confondue avec le Seigneur de toutes choses : je suis à toi , comme je suis à lui . "

RECHERCHE ABSOLU (X, philo)
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