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Emmanuel et Marguerite se consultèrent par un regard qui fut un trait de lumière pour Pierquin . Félicie rougit excessivement , tant elle était heureuse de trouver son cousin aussi généreux qu' elle le souhaitait . Elle regarda sa soeur qui , tout à coup , devina que pendant l' absence qu' elle avait faite , la pauvre fille s' était laissé prendre à quelques banales galanteries de Pierquin .
" Vous ne me paierez que cinq pour cent d' intérêt , dit - il . Vous me rembourserez quand vous voudrez , et vous me donnerez une hypothèque sur vos terrains . Mais soyez tranquille , vous n' aurez que les déboursés à payer pour tous vos contrats , je vous trouverai de bons fermiers , et ferai vos affaires gratuitement afin de vous aider en bon parent .
"
Emmanuel fit un signe à Marguerite pour l' engager à refuser ; mais elle était trop occupée à étudier les changements qui nuançaient la physionomie de sa soeur pour s' en apercevoir . Après une pause , elle regarda le notaire d' un air ironique et lui dit d' elle - même , à la grande joie de M .
de Solis : " Vous êtes un bien bon parent , je n' attendais pas moins de vous ; mais l' intérêt à cinq pour cent retarderait trop notre libération , j' attendrai la majorité de mon frère et nous vendrons ses rentes .
"
Pierquin se mordit les lèvres , Emmanuel se mit à sourire doucement .
" Félicie , ma chère enfant , reconduis Jean au collège , Martha t' accompagnera " , dit Marguerite en montrant son frère . " Jean , mon ange , sois bien sage , ne déchire pas tes habits , nous ne sommes pas assez riches pour te les renouveler aussi souvent que nous le faisions ! Allons va , mon petit , étudie bien .
"
Félicie sortit avec son frère .
" Mon cousin , dit Marguerite à Pierquin , et vous , monsieur , dit - elle à M . de Solis , vous êtes sans doute venus voir mon père pendant mon absence , je vous remercie de ces preuves d' amitié . Vous ne ferez sans doute pas moins pour deux pauvres filles qui vont avoir besoin de conseils .
Entendons - nous à ce sujet ? ... Quand je serai en ville , je vous recevrai toujours avec le plus grand plaisir ; mais quand Félicie sera seule ici avec Josette et Martha , je n' ai pas besoin de vous dire qu' elle ne doit voir personne , fût - ce un vieil ami , et le plus dévoué de nos parents .
Dans les circonstances où nous nous trouvons , notre conduite doit être d' une irréprochable sévérité .
Nous voici donc pour longtemps vouées au travail et à la solitude . "

RECHERCHE ABSOLU (X, philo)
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