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Elle prit avec orgueil toutes les habitudes de la bourgeoisie flamande et plaça son amour - propre à rendre la vie domestique grassement heureuse , à entretenir les plus petits détails de la maison dans leur propreté classique , à ne posséder que des choses d' une bonté absolue , à maintenir sur sa table les mets les plus délicats et à mettre tout chez elle en harmonie avec la vie du coeur . Ils eurent deux garçons et deux filles . L' aînée , nommée Marguerite , était née en 1796 . Le dernier enfant était un garçon , âgé de trois ans et nommé Jean Balthazar .
Le sentiment maternel fut chez Mme Claës presque égal à son amour pour son époux . Aussi se passa - t - il en son âme , et surtout pendant les derniers jours de sa vie , un combat horrible entre ces deux sentiments également puissants , et dont l' un était en quelque sorte devenu l' ennemi de l' autre .
Les larmes et la terreur empreintes sur sa figure au moment où commence le récit du drame domestique qui couvait dans cette paisible maison , étaient causées par la crainte d' avoir sacrifié ses enfants à son mari .
En 1805 , le frère de Mme Claës mourut sans laisser d' enfants . La loi espagnole s' opposait à ce que la soeur succédât aux possessions territoriales qui apanageaient les titres de la maison ; mais par ses dispositions testamentaires , le duc lui légua soixante mille ducats environ , que les héritiers de la branche collatérale ne lui disputèrent pas .
Quoique le sentiment qui l' unissait à Balthazar Claës fût tel que jamais aucune idée d' intérêt l' eût entaché , Joséphine éprouva une sorte de contentement à posséder une fortune égale à celle de son mari , et fut heureuse de pouvoir à son tour lui offrir quelque chose après avoir si noblement tout reçu de lui .
Le hasard fit donc que ce mariage , dans lequel les calculateurs voyaient une folie , fût , sous le rapport de l' intérêt , un excellent mariage .
L' emploi de cette somme fut assez difficile à déterminer .
La maison Claës était si richement fournie en meubles , en tableaux , en objets d' art et de prix , qu' il semblait difficile d' y ajouter des choses dignes de celles qui s' y trouvaient déjà .
Le goût de cette famille y avait accumulé des trésors . Une génération s' était mise à la piste de beaux tableaux ; puis la nécessité de compléter la collection commencée avait rendu le goût de la peinture héréditaire .
Les cents tableaux qui ornaient la galerie par laquelle on communiquait du quartier de derrière aux appartements de réception situés au premier étage de la maison de devant , ainsi qu' une cinquantaine d' autres placés dans les salons d' apparat , avaient exigé trois siècles de patientes recherches .

RECHERCHE ABSOLU (X, philo)
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