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La gloire de la femme n' est - elle pas de faire adorer ce qui paraît un défaut en elle ? Oublier qu' une boiteuse ne marche pas droit est la fascination d' un moment ; mais l' aimer parce qu' elle boite est la déification de son vice . Peut - être faudrait - il graver dans l' Évangile des femmes cette sentence : Bienheureuses les imparfaites , à elles appartient le royaume de l' amour . Certes , la beauté doit être un malheur pour une femme , car cette fleur passagère entre pour trop dans le sentiment qu' elle inspire ; ne l' aime - t - on pas comme on épouse une riche héritière ? Mais l' amour que fait éprouver ou que témoigne une femme déshéritée des fragiles avantages après lesquels courent les enfants d' Adam , est l' amour vrai , la passion vraiment mystérieuse , une ardent étreinte des âmes , un sentiment pour lequel le jour du désenchantement n' arrive jamais .
Cette femme a des grâces ignorées du monde au contrôle duquel elle se soustrait , elle est belle à propos , et recueille trop de gloire à faire oublier ses imperfections pour n' y pas constamment réussir .
Aussi , les attachements les plus célèbres dans l' histoire furent - ils presque tous inspirés par des femmes à qui le vulgaire aurait trouvé des défauts .
Cléopâtre , Jeanne de Naples , Diane de Poitiers , Mlle de La Valière , Mme de Pompadour , enfin la plupart des femmes que l' amour a rendues célèbres ne manquent ni d' imperfections , ni d' infirmités ; tandis que la plupart des femmes dont la beauté nous est citée comme parfaite , ont vu finir malheureusement leurs amours .
Cette apparente bizarrerie doit avoir sa cause .
Peut - être l' homme vit - il plus par le sentiment que par le plaisir ? peut - être le charme tout physique d' une belle femme a - t - il des bornes , tandis que le charme essentiellement moral d' une femme de beauté médiocre est infini ? N' est - ce pas la moralité de la fabulation sur laquelle reposent Les Mille et une Nuits Femme d' Henri VIII , une laide aurait défié la hache et soumis l' inconstance du maître .
Par une bizarrerie assez explicable chez une fille d' origine espagnole , Mme Claës était ignorante .
Elle savait lire et écrire ; mais jusqu' à l' âge de vingt ans , époque à laquelle ses parents la tirèrent du couvent , elle n' avait lu que des ouvrages ascétiques .
En entrant dans le monde , elle eut d' abord soif des plaisirs du monde et n' apprit que les sciences futiles de la toilette ; mais elle fut si profondément humiliée de son ignorance qu' elle n' osait se mêler à aucune conversation ; aussi passa - t - elle pour avoir peu d' esprit .

RECHERCHE ABSOLU (X, philo)
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