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Sa haute taille se voûtait légèrement , soit que ses travaux l' obligeassent à se courber , soit que l' épine dorsale se fût tombée sous le poids de sa tête . Il avait une large poitrine , un buste carré ; mais les parties inférieures de son corps étaient grêles , quoique nerveuses ; et ce désaccord dans une organisation évidemment parfaite autrefois intriguait l' esprit qui cherchait à expliquer par quelque singularité d' existence les raisons de cette forme fantastique .
Son abondante chevelure blonde , peu soignée , retombait sur ses épaules à la manière allemande , mais dans un désordre qui s' harmoniait à la bizarrerie générale de sa personne .
Son large front offrait d' ailleurs les protubérances dans lesquelles Gall a placé les mondes poétiques .
Ses yeux d' un bleu clair et riche avaient la vivacité brusque que l' on a remarquée chez les grands chercheurs de causes occultes . Son nez , sans doute parfait autrefois , s' était allongé , et les narines semblaient s' ouvrir graduellement de plus en plus , par une involontaire tension des muscles olfactifs .
Ses pommettes velues saillaient beaucoup , ses joues déjà flétries en paraissaient d' autant plus creuses ; sa bouche pleine de grâce était resserrée entre le nez et un menton court , brusquement relevé .
La forme de sa figure était cependant plus longue qu' ovale ; aussi le système scientifique qui attribue à chaque visage humain une ressemblance avec la face d' un animal eût - il trouvé une preuve de plus dans celui de Balthazar Claës , que l' on aurait pu comparer à une tête de cheval .
Sa peau se collait sur ses os , comme si quelque feu secret l' eût incessamment desséchée ; puis , par moments , quand il regardait dans l' espace comme pour y trouver la réalisation de ses espérances , on eût dit qu' il jetait par ses narines la flamme qui dévorait son âme .
Les sentiments profonds qui animent les grands hommes respiraient dans ce pâle visage fortement sillonné de rides , sur ce front plissé comme celui d' un vieux roi plein de soucis , mais surtout dans ces yeux étincelants dont le feu semblait également accru par la chasteté que donne la tyrannie des idées , et par le foyer intérieur d' une vaste intelligence .
Les yeux profondément enfoncés dans leurs orbites paraissaient avoir été cernés uniquement par les veilles et par les terribles réactions d' un espoir toujours déçu , toujours renaissant .

RECHERCHE ABSOLU (X, philo)
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