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Le marquis appartenait nécessairement à cette fraction du parti royaliste qui ne voulut aucune transaction avec ceux qu' il nommait , non pas les révolutionnaires , mais les révoltés , plus parlementairement appelés Libéraux ou Constitutionnels .
Ces royalistes surnommés Ultras par l' Opposition , eurent pour chefs et pour héros les courageux orateurs de la Droite , qui , dès la première séance royale , tentèrent , comme M . de Polignac , de protester contre la charte de Louis XVIII , en la regardant comme un mauvais édit arraché par la nécessité du moment , et sur lequel la Royauté devait revenir .
Ainsi , loin de s' associer à la rénovation de moeurs que voulut opérer Louis XVIII , le marquis restait tranquille , au port d' armes des purs de la Droite , attendant la restitution de son immense fortune et n' admettant même pas la pensée de cette indemnité qui préoccupa le ministère de M .
de Villèle , et qui devait consolider le trône en éteignant la fatale distinction , maintenue alors malgré les lois , entre les propriétés .
Les miracles de la Restauration de 1814 , ceux plus grands du retour de Napoléon en 1815 , les prodiges de la nouvelle fuite de la Maison de Bourbon et de son second retour , cette phase quasi fabuleuse de l' histoire contemporaine surprit le marquis à soixante - sept ans .
à cet âge , les plus fiers caractères de notre temps , moins abattus qu' usés par les événements de la Révolution et de l' Empire , avaient au fond des provinces converti leur activité en idées passionnées , inébranlables ; ils étaient presque tous retranchés dans l' énervante et douce habitude de la vie qu' on y mène .
N' est - ce pas le plus grand malheur qui puisse affliger un parti , que d' être représenté par des vieillards , quand déjà ses idées sont taxées de vieillesse ? D' ailleurs , lorsqu' en 1818 le Trône légitime parut solidement assis , le marquis se demanda ce qu' un septuagénaire irait faire à la cour , quelle charge , quel emploi pouvait - il y exercer ? Le noble et fier d' Esgrignon se contenta donc , et dut se contenter du triomphe de la Monarchie et de la Religion , en attendant les résultats de cette victoire inespérée , disputée , qui fut simplement un armistice .
Il continuait donc alors à trôner dans son salon , si bien nommé le Cabinet des Antiques .
Sous la Restauration , ce surnom de douce moquerie s' envenima lorsque les vaincus de 1793 se trouvèrent les vainqueurs .

CABINET DES ANTIQUES (IV, provinc)
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