----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----
Sa femme entendait bien les termes de cette proposition , qui fut trop rapidement énoncée pour qu' elle la conçut entièrement , Balthazar songea qu' elle avait étudié sa Science favorite , et lui dit , en lui faisant un signe mystérieux : " Tu comprendrais , tu ne saurais pas encore ce que je veux dire ! " Et il parut retomber dans une de ces méditations qui lui étaient habituelles .
" Je le crois " , dit Pierquin en prenant une tasse de café des mains de Marguerite . " Chassez le naturel , il revient au galop , ajouta - t - il tout bas en s' adressant à Mme Claës . Vous aurez la bonté de lui parler vous - même , le diable ne le tirerait pas de sa contemplation .
En voilà pour jusqu' à demain . "
Il dit adieu à Claës qui feignit de ne pas l' entendre , embrassa le petit Jean que la mère tenait dans ses bras , et , après avoir fait une profonde salutation , il se retira . Lorsque la porte d' entrée retentit en se fermant , Balthazar saisit sa femme par la taille , et dissipa l' inquiétude que pouvait lui donner sa feinte rêverie en lui disant à l' oreille : " Je savais bien comment faire pour le renvoyer .
"
Mme Claës tourna la tête vers son mari sans avoir honte de lui montrer les larmes qui lui vinrent aux yeux , elles étaient si douces ! puis elle appuya son front sur l' épaule de Balthazar et laissa glisser Jean à terre .
" Rentrons au parloir " , dit - elle après une pause .
Pendant toute la soirée , Balthazar fut d' une gaieté presque folle ; il inventa mille jeux pour ses enfants , et joua si bien pour son propre compte qu' il ne s' aperçut pas de deux ou trois absences que fit sa femme .
Vers neuf heures et demie , lorsque Jean fut couché , quand Marguerite revint au parloir après avoir aidé sa soeur Félicie à se déshabiller , elle trouva sa mère assise dans la grande bergère , et son père qui causait avec elle en lui tenant la main .
Elle craignit de troubler ses parents et paraissait vouloir se retirer sans leur parler ; Mme Claës s' en aperçut et lui dit : " Venez , Marguerite , venez , ma chère enfant .
" Puis elle l' attira vers elle et la baisa pieusement au front en ajoutant : " Emportez votre livre dans votre chambre , et couchez - vous de bonne heure .
- Bonsoir , ma fille chérie " , dit Balthazar .
Marguerite embrassa son père et s' en alla . Claës et sa femme restèrent pendant quelques moments seuls , occupés à regarder les dernières teintes du crépuscule , qui mouraient dans les feuillages du jardin déjà devenus noirs , et dont les découpures se voyaient à peine dans la lueur .
Quand il fit presque nuit , Balthazar dit à sa femme d' une voix émue : " Montons . "
RECHERCHE ABSOLU (X, philo)
Page: 711