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Chacun avait senti qu' elle était plus à l' aise dans sa maison , où la retenaient d' ailleurs sa passion pour son mari et les soins que réclamait l' éducation de ses enfants . Telle fut , jusqu' en 1809 , la conduite de ce ménage qui n' eut rien que de conforme aux idées reçues . La vie de ces deux êtres , secrètement pleine d' amour et de joie , était extérieurement semblable à toute autre .
La passion de Balthazar Claës pour sa femme , et que sa femme savait perpétuer , semblait , comme il le faisait observer lui - même , employer sa constance innée dans la culture du bonheur qui valait bien celle des tulipes vers laquelle il penchait dès son enfance , et le dispensait d' avoir sa manie comme chacun de ses ancêtres avait eu la sienne .
à la fin de cette année , l' esprit et les manières de Balthazar subirent des altérations funestes , qui commencèrent si naturellement que d' abord Mme Claës ne trouva pas nécessaire de lui en demander la cause .
Un soir , son mari se coucha dans un état de préoccupation qu' elle se fit un devoir de respecter . Sa délicatesse de femme et ses habitudes de soumission lui avaient toujours laissé attendre les confidences de Balthazar , dont la confiance lui était garantie par une affection si vraie qu' elle ne donnait aucune prise à sa jalousie .
Quoique certaine d' obtenir une réponse quand elle se permettrait une demande curieuse , elle avait toujours conservé de ses premières impressions dans la vie la crainte d' un refus .
D' ailleurs , la maladie morale de son mari eut des phases , et n' arriva que par des teintes progressivement plus fortes à cette violence intolérable qui détruisit le bonheur de son ménage .
Quelque occupé que fût Balthazar , il resta néanmoins , pendant plusieurs mois , causeur , affectueux , et le changement de son caractère ne se manifestait alors que par de fréquentes distractions .
Mme Claës espéra longtemps savoir par son mari le secret de ses travaux ; peut - être ne voulait - il l' avouer qu' au moment où ils aboutiraient à des résultats utiles , car beaucoup d' hommes ont un orgueil qui les pousse à cacher leurs combats et à ne se montrer que victorieux .
Au jour du triomphe , le bonheur domestique devait donc reparaître d' autant plus éclatant que Balthazar s' apercevrait de cette lacune dans sa vie amoureuse que son coeur désavouerait sans doute .
Joséphine connaissait assez son mari pour savoir qu' il ne se pardonnerait pas d' avoir rendu sa Pépita moins heureuse pendant plusieurs mois .

RECHERCHE ABSOLU (X, philo)
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