Perspectives

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1. Opérations en cours :

 1.1. Le français d’Afrique. Responsable : A. Queffelec.

 1.2. Thesaurus occitan. Responsable : J.-Ph. Dalbera.

  1.3.  La Banque de Données Langue Corse. Responsable : M.-J. Dalbera-Stefanaggi.

  1.4.  PORTEXT. Responsable : C. Maciel.

  1.5.  Les langues sahelo-sahariennes. Responsable : R. Nicolaï.
 

2. Nouvelle équipe :

  Théorie phonologique, diachronie et dialectologie. Responsable : T. Scheer.
 

3. Renouvellements thématiques :

  3.1. La linguistique textuelle : cohésion et cohérence. Responsable : A. Jaubert.

  3.2. Le LAMA. Responsable : Michèle
Biraud.

  3.3.  Thématique transversale : le corpus, objet problématique.
 
 
 


 
 

Le français d’Afrique. Responsable : A. Queffelec

L’équipe souhaite renforcer sa collaboration avec les équipes africaines constituées ou en gestation, qui souvent restent très isolées, dans l'impossibilité financière de participer aux colloques internationaux. Dans cette perspective, l'équipe a répondu fin 1998 à l'appel d'offres de l'AUPELF-UREF et incité les différents partenaires à faire de même pour participer à deux Actions de Recherches Programmées sur deux thèmes :

- État du français en francophonie.

- Histoire du français en francophonie.

Pour ce dernier thème, les linguistes se sont associés à des historiens et à des sociologues.

L’équipe continuera à collaborer aux deux réseaux de recherches partagées de l'AUPELF-UREF " Sociolinguistique et contacts de langues " et " Le français en francophonie ". Elle prendra une part active à la rédaction et à la publication de la version 2000 de l'Inventaire des Particularités Lexicales du français en Afrique noire (IFA 2) et rédigera l'Inventaire du français au Maghreb qu'elle publiera sous forme papier (version courte) et CD-Rom (version longue). En outre, nous prévoyons la publication de monographies sur (titres provisoires) :

Le français au Burkina (Keita, Lafage, Prignitz)

Le français au Congo (Mfoutou, Pambou, Queffélec)

Le français en Côte d'Ivoire (Lafage)

Le français au Gabon (Boucher, Lafage)

Français et contacts de langues en Tunisie (Brahim, Naffati, Queffélec, Sraieb).

Dans le cadre de nos recherches sur le français parlé, nous comptons organiser en 2001 et publier un colloque sur la morphosyntaxe du français oral en Afrique (Maghreb et Océan Indien).

Par ailleurs, nous nous associerons étroitement au projet de recherches de l'Institut de la Francophonie en cours de formation et associant les Universités d'Aix-en-Provence, Avignon, Montpellier et Nice. Cet Institut, dont le nom complet est ‘Institut d’études et de recherches pour la diffusion de la langue, de la culture, de la science et de la technique françaises’, nous permettra de renforcer nos liens avec les équipes de chercheurs de ces différentes universités méditerranéennes. D’ores et déjà C. de Féral représente l’Université de Nice au sein du conseil d’administration de ce nouvel institut.

Enfin, nous maintiendrons la publication du numéro annuel de notre revue Le français en Afrique qui sera dotée à partir du numéro de 1999 d'un comité de lecture qui sélectionnera les articles. Elle comportera, outre ceux-ci, des rubriques Résumés de thèses, Mises à jour bibliographiques, Comptes rendus critiques.
 
 


 

Thesaurus occitan. Responsable : J.-Ph. Dalbera

Eléments de prospective

A) Poursuivre l’implémentation de la base

Le respect des contrats passés avec la CE et le CNRS (appel d’offres) impose prioritairement

a) d’achever l’implémentation de la base en données brutes

b) d’effectuer les contrôles indispensables avant de livrer les données au public

c) de renseigner les fichiers de données traitées (lemmes, étymons…)

d) d’implémenter les fichiers périphériques (image et son) qui confèrent à la base son caractère de multimédia ; ces opérations impliquent un travail considérable au niveau du traitement des données sonores

e) d’optimiser les conditions de mise à disposition des données sur le réseau. Cela implique de nombreux contacts expérimentaux et un dosage fin des informations aisément transmissibles et des fichiers plus délicats.

B) Poursuivre la mise au point d’outils de traitement

Sont envisagés notamment :

— la mise au point d’outils cartographiques permettant d’exploiter les data

— la mise au point de procédures permettant de traiter commodément de problèmes de phonétique diachronique

— l’adaptation de procédures (créées dans le laboratoire) permettant de naviguer efficacement dans les (ethno)textes

— la mise au point de procédures permettant d’exploiter les données morphologiques investies dans la base.

C) Mettre en œuvre l’outil heuristique

Sans attendre que la base soit implémentée de manière complète dans toutes ses dimensions, une série de travaux, mettant en lumière l’efficacité et la puissance de l’outil base de données, sont envisagés.

Est concerné au premier chef le domaine géolexical ; les données que recèle THESOC et les traitements qu’il autorise dès à présent devraient permettre des avancées intéressantes dans le domaine de la création lexicale (analyse motivationnelle), de la transmission lexicale (problèmes d’étymologie) et de la diffusion lexicale (dynamique de diffusion, aréologie, modélisation des processus).

Est concernée également la morphologie : la base de données permet de prendre en compte la variabilité de systèmes entiers et autorise un éclairage nouveau sur la dynamique évolutive.
 
 


 

La Banque de Données Langue Corse. Responsable : M.-J. Dalbera-Stefanaggi

Outre l'enrichissement des diverses composantes de la BDLC, qui constitue une activité permanente et récurrente, il est prévu de:

- poursuivre la publication du Nouvel Atlas Linguistique de la Corse ;

- procéder à la publication de divers résultats et documents (support papier ou informatique) issus de la BDLC ;

- réaliser un référentiel des lemmes avec renvoi aux différentes dimensions de la variation (géographique, diachronique, sociale) ;

- optimiser la version INTERNET de la BDLC ;

- à partir de certaines composantes de la BDLC, concevoir, fabriquer et diffuser une série de CD-ROM (le premier, consacré au lexique de la mer, est sorti en 1997).

Amplification de la BDLC

- poursuite de la collecte de terrain : en particulier enquêtes dans le Cap Corse (6 nouvelles localités), en Balagne, en Castagniccia, et lancement d'une campagne d'enquêtes en morphologie verbale (M.J. DALBERA, S. MEDORI) ; acquisition et intégration de fonds ethnotextuels inédits: fonds Franchi.

- poursuite de la numérisation de séquences sonores : 4 000 nouvelles séquences intégrées (D. STRAZZABOSCO).

- poursuite du dépouillement du fonds sonore et de la saisie de fiches-mots : 80000 fiches saisies à ce jour (M.J. DALBERA).

- saisie d’écrits (1345 pages, G. MORACCHINI) :

- recueils contemporains de nouvelles

- romans

- pièces de théâtre contemporaine

- articles de journaux et documents divers.

[L'articulation de l'équipe BDLC sur l'INaLF autorise la réalisation d'une banque de textes, CORTEXT, sur le modèle de FRANTEXT]

- transcription et saisie de textes oraux (1000 textes, J.J. FRANCHI).

- réalisation de la partie de la Base de Données consacrée au lexique de la mer (15 000 fiches, terminologie populaire et scientifique, 200 photos numérisées, cartographie automatique).

- réalisation et intégration dans la BDLC d'une composante toponymique) ; l’intégration de ce module a déjà permis la saisie d’un grand nombre d’informations récoltées au cours des enquêtes de terrain et leur traitement multidimensionnel.

- réalisation et développement d’une base de données d’auteurs corses (G. MORACCHINI).
 
 


 

PORTEXT. Responsable : C. Maciel

Les perspectives de développement de la base PORTEXT comprennent les prolongements naturels du travail en cours et des infléchissements nouveaux, induits à la fois par des éléments conjoncturels et par une réflexion de prospective scientifique

L’amélioration des outils d’exploitation et de diffusion

- La version deux du site Internet de la base PORTEXT doit encore évoluer, notamment en vue d’enrichir les dictionnaires des différentes langues latines, de manière à rendre toujours plus facile la consultation pour les néolatinophones non lusophones. On cherche actuellement un partenariat permettant d’élargir les compétences de l’équipe au roumain, seule langue latine non encore représentée dans le dictionnaire. L’Union Latine semble être intéressée. Les outils de recherche doivent également être diversifiés pour offrir davantage de filtres susceptibles de se combiner entre eux : dates, auteurs, genres, pays.

- La réalisation de cédéroms par thème ou par pays (ou aire géographique) sera dans le même temps poursuivie.

L’enrichissement de la base et le développement de ses perspectives d’exploitation

La base sera développée dans le sens de la diversité des genres et des langues. Tout en poursuivant l’objectif premier d’une base lusophone la plus riche possible, on aura le souci de développer un corpus qui puisse se trouver au centre des études sur la romanité.

1) Ainsi, outre l’intégration du roumain dans les dictionnaires, et dans la mesure où le domaine juridique (constitutions particulièrement) est quasiment épuisé en portugais, l'ouverture aux textes des constitutions françaises, par ex., peut être désormais envisagée — ainsi qu’à ceux des autres langues latines officielles. Cela permettra dans l'avenir d'avoir une base plurilingue et un dictionnaire du domaine, susceptible d’intéresser les instituts d’études politiques et les facultés de droit, ainsi que certaines institutions internationales.

Cette ouverture de la base juridique à l’ensemble des langues romanes pourrait également être conçue comme un module complémentaire — ciblé sur une langue de spécialité — à des méthodes d’apprentissage des langues romanes telles qu’Eurom4 ou Galatea. Un tel projet s’appuie d’une part sur la présence dans l’unité d’E. Carpitelli qui, outre ses compétences d’italophone native, apporte aussi des compétences scientifiques en matière d’évolution du lexique spécialisé italien (cf. ses travaux concernant l’impact de la retransmission radiophonique sur le vocabulaire juridique employé lors des procès) ; il s’appuie d’autre part sur la forte implication d’E. Caduc au sein de l’Université pour obtenir d’abord la création d’un module européen " Langues et cultures de l’Europe méditerranéenne " (reconnu par le programme Socrates et mis en place à la rentrée 98), ensuite la création d’un mastaire européen sur le même thème. On serait là au cœur de l’articulation entre recherche et enseignement.

2) Après le développement sensible des textes de spécialité juridique, il convient de rééquilibrer la base du côté littéraire. La prochaine saisie sera celle de l’œuvre fondatrice de la culture portugaise, les Lusiades, à la demande de et en collaboration avec l’Institut Camoes de Lisbonne. Mais on a déjà entrepris une autre tâche : celle de saisir et d’implémenter dans la base des romans écrits en langue portugaise accompagnés de leur traduction dans telle ou telle autre langue romane. L’enrichissement de la base avec de telles données ouvre de nombreuses perspectives : les exploitations littéraires viendraient s’ajouter aux exploitations linguistiques qui, de leur côté, trouveraient là un suppport solide aux analyses contrastives. En outre on souhaite développer par ce biais une réflexion sur l’étiquetage des corpus multilingues.
 
 
 
 


 

Les langues sahelo-sahariennes. Responsable : R. Nicolaï

Opération " Diffusion lexicale en zone sahelo-saharienne ".

R. Nicolai, M. Denais, P. Zima + collaborations extérieures : GDRE 1172, Z. Frayzyngier (USA), M. Mous (Pays-Bas), V. Porhomovsky (Russie)

Il s’agit de continuer d’approfondir notre connaissance des langues de la zone sahelo-saharienne en poursuivant les recherches comparatistes engagées : l’analyse des phénomènes de contact et la description des situations interlinguistiques devient maintenant un objectif important. C’est ainsi que les recherches entreprises par P. Zima sur la zone de contact dendi ? zarma ? hawsa devraient apporter de nouvelles informations sur la situation sociolinguistique particulière de cette région de contact et l’on peut s’attendre à ce que ces nouvelles recherches entreprises sur le bassin méridional du songhay mises en rapport avec celles de R. Nicolaï permettent de mieux apprécier, sur une base empirique concrète, les questions de convergences régionales et de mieux comprendre les phénomènes d’alliance de langues en contexte de tradition orale. Plus concrètement, le travail envisagé vise à situer la nature des variables et les facteurs sociolinguistiques susceptibles d’être pertinents pour comprendre la dynamique de l’évolution dans cette région. L’élément linguistique proprement structural y devient sinon secondaire, du moins second, pour comprendre cette dynamique.

Parallèlement à cette perspective, P. Zima a abordé une recherche lexicologique qui s’inscrit dans le cadre d’un projet intitulé Dynamiques des formes et dynamique du sens. Il s’agit d’étudier les dénominations d’un certain nombre de plantes et d’animaux sélectionnés pour leur " utilité " (igname, mil, baobab, etc.) ; la recherche permettra la collaboration avec des spécialistes de zoologie et de botanique, ce qui, dans une deuxième étape, devrait le conduire à s’intéresser à des questions plus générales de terminologie en botanique et zoologie. Ce projet a démarré en 1998 à la suite de réunions de travail franco-tchèques sur des questions de théorie et de méthodologie et après d’importantes recherches conduites en mars et avril 1998 sur le site niçois de SAHELIA.

Enfin, nous continuerons à participer aux actions de développement de SAHELIA, en collaborant aux activités du GDRE 1172, qu’il n’est pas opportun de présenter ici.

Développement informatique

Mariama est aujourd’hui un logiciel diffusé sous licence CNRS et utilisé dans plusieurs laboratoires français et étranger. C’est l’outil particulier autour duquel a pu se structurer une partie importante des activités du GDRE 1172, en particulier avec la construction de la base de données SAHELIA.

Cependant, les entités structurelles que sont les GDR ne permettent pas d’envisager la pérennisation d’un suivi, d’une finalisation et d’une évolution d’un produit informatique de cette nature. C’est probablement dans une structure plus stable que cela peut être envisagé. La question se pose donc de poursuivre ce travail. Dans cette perspective, un effort sera fait qui portera d’une part sur l’amélioration de l’interface afin de rendre plus intuitive son utilisation, et d’autre part sur l’élaboration des didacticiels et manuels. Une initiative visant à regrouper l’ensemble des laboratoires utilisant le logiciel sera lancée, afin de pouvoir envisager des opérations de formation adaptées aux besoins. Une initiative de ce genre, dont l’intérêt se conçoit aisément, ne pourrait cependant être envisagée sans un renforcement du potentiel humain afin d’assurer un minimum de continuité aux efforts qui ont été engagés et qui ont conduit aux résultats actuels.
 
 


 

Théorie phonologique, diachronie et dialectologie. Responsable : T. Scheer

Il s'agit de mettre sur pied une action visant

1. à conjuguer les concepts théoriques de la phonologie moderne et les données diachroniques et dialectales,

2. en mettant à contribution les moyens informatiques offerts depuis peu par les logiciels de bases de données.

1. Etat des lieux

La phonématique traditionnelle a pour objet la mise en évidence, dans une langue donnée, des oppositions, distributions complémentaires, variations libres et neutralisations. Elle a été enrichie, depuis une trentaine d'années, par des mécanismes qui permettent de rendre compte de phénomènes non seulement statiques, mais aussi dynamiques et qui engagent des rapports syntagmatiques entre segments, tels que p.ex. les alternances voyelle / zéro, les assimilations ou encore la prosodie. C'est notamment l'approche générative qui a agi dans ce sens en proposant le modèle autosegmental, et en s'intéressant à la structure interne des segments.

Or, la base empirique sur laquelle la théorisation générativiste a été et est encore assise ne représente qu'un sous-ensemble des données disponibles. Il est vrai que, dès ses débuts, le "tout-synchronique" était une loi tacite au sein de la communauté en question. Cet état de fait s'explique certainement en partie par un mouvement de contestation à l'encontre du "tout-diachronique" qui a été non moins doctrinairement appliqué jusqu'à la deuxième guerre mondiale environ. Si anciennement n'avaient droit de cité que les langues classiques, à savoir le grec, le latin et, un peu plus tardivement, le sanscrit, pour fonder une démarche phonologique, leur utilisation jetait un discrédit sur quelque démonstration que ce soit dans les années 70.

A l'évidence, ce retour du balancier est néfaste à la fois pour la phonologie, la philologie, la diachronie, la synchronie, bref pour notre discipline tout entière. Quelle autre discipline songerait à fonder une théorie à vocation générale sur la moitié des observables seulement ?

2. Projet

Une démarche qui vise à confronter les outils de la phonologie moderne avec des données diachroniques ne peut donc que profiter à tous les intéressés : d'une part, la validité des concepts phonologiques, ainsi que des universaux postulés restent à éprouver sur le terrain de la diachronie, et ce n'est qu'après cette confrontation qu'ils pourront prétendre à fonder une théorie générale. Des faits diachroniques peuvent également inspirer de nouvelles démarches phonologiques. D'autre part, les liens spatio-temporels tels qu'ils sont établis dans les ouvrages cités peuvent être éclairés par l'application des théories phonologiques. Je pense là notamment au franchissement du niveau segmental : des unités plus petites que des sons n'ont jamais contribué au raisonnement diachronique classique.

En bref, ces domaines sont interdépendants. On ne peut faire de la bonne phonologie qu'en donnant toute sa place à la diachronie, et vice-versa.

3. Objectifs et collaborations

Le projet présenté conjugue une visée globale, un terrain d'application particulier, une méthodologie déterminée, ainsi que des collaborations avec d'autres équipes dans le cadre de l'UPRESA niçoise d'une part, du GDR 1954 "Phonologie" d'autre part.

L'objectif global est de permettre l'exploitation de données diachroniques et dialectologiques à des fins de construction théorique en phonologie, ainsi que d'éclairer les travaux classiques à la lumière des théories existantes.

Le terrain d'application particulier de cette stratégie est principalement le colonais. Celui-ci est propice à l'entreprise dans la mesure où il présente toute une série de phénomènes phonologiquement extraordinaires (p.ex. vélarisation, homorganisation d'occlusives par des nasales), dont une partie reste certainement à découvrir. Par ailleurs, on peut espérer que l'analyse phonologique de la vélarisation, dont Cologne est le centre géographique, porte la vision géolinguistique de ce phénomène à de nouvelles conclusions.

Mais le projet est destiné à appeler des vocations non-reliées au colonais autour de la visée générale. Elisabetta Carpitelli, MC, est chargée de la coordination de l'atlas linguistique roman, et à ce titre bien placée pour apporter et travailler d'importantes données dialectologiques dans la perspective de les mettre au profit et à la lumière de la théorie phonologique. La même chose vaut pour son domaine de spécialité, qui sont les dialectes de la Toscane et de la Pouille. Elisabetta Carpitelli est familière de l'interprétation phonologique de données dialectologiques (cf. Carpitelli : 1994).

Michel Denais, ITA, est spécialiste des langues sémitiques de l'Ethiopie. Il a travaillé longtemps sur des vocabulaires spécialisés (faune, flore) des différents dialectes de cette région, et est familier des outils informatiques, notamment du logiciel de gestion de données comparatistes Mariama, développé au sein du laboratoire par l'équipe africaniste autour de Robert Nicolaï. Les données qu'il traite dans le cadre du comparatisme éthio-sémitique échappent encore, dans une large mesure, à la construction théorique. En outre, leur exploitation informatique est à portée de main, de sorte que des résultats chiffrés pour chacune des recherches sont disponibles et rapidement exploitables.
 
 

Personnel impliqué :

Enseignants-chercheurs :

- Elisabetta Carpitelli, Maître de conférences

- Jean-Philippe Dalbera, Professeur

- Tobias Scheer, Maître de conférences

ITA :

- Michel Denais, Ingénieur de recherche

- Christine Collomb, Technicienne de recherche

Etudiants :

- Oumarou Hima, doctorant

- Claudine Pagliano-Linden, étudiante en DEA

- Olivier Rizzolo, étudiant en DEA
 
 
 
 


 

La linguistique textuelle : cohésion et cohérence. Responsable : A. Jaubert

Perspective

La stylistique et les théories de la production des textes ont soulevé dans la seconde moitié du XXème siècle un certain nombre de questions dont les réponses devaient être fournies par les sciences du langage, postulant et réalisant un mouvement d'expansion de la linguistique.

La linguistique textuelle traduit en trois dimensions (longueur, largeur et profondeur) cette expansion de la linguistique :

- en longueur, puisque l'objet d'étude dépasse désormais le strict cadre phrastique, pour s'étendre aux régularités qui constituent une suite d'énoncés en texte,

- en largeur, dans la mesure où elle intègre l'analyse pragmatique qui prend en compte les enjeux du discours,

- en profondeur, car elle est amenée à explorer la stratification énonciative, les phénomènes de polyphonie et d'ambiguïté.

Le projet retenu, intitulé Cohésion et cohérence, se situe au cœur de ces développements. La problématique est représentative de la discipline : elle illustre la nécessité d'articuler les niveaux de perception des phénomènes linguistiques. À nouvelles dimensions de l'objet disciplinaire, nouvelles procédures de repérage et d'interprétation. À ce titre, les recherches engagées contribueront à la réflexion transversale sur "le corpus comme objet problématique".
 
 

Participants

Le groupe de travail est composé de chercheurs qui appliquent leurs compétence de linguistes (francisants, angliciste, germaniste, latinistes, helléniste) à l'étude des corpus littéraires. S’y adjoindront quelques étudiants inscrits en thèse.

Chercheurs permanents :

D. Bankov (MCF), M. Biraud (PR), C. Guedj (PR), A. Jaubert (PR), M. Juillard (PR), E. Kotler (PR), V. Magri-Mourgues (MCF), S. Mellet (DR), G. Rose-Salvan (MCF), M. Vuillaume (PR).

Etudiants :

Cécile Belmont, Simona Ruggia, S. Pagani.
 
 

Applications

Par delà l’énumération des différentes propositions faites par les chercheurs impliqués, deux pôles fédérateurs apparaissent, qui devraient contribuer aussi à alimenter certaines thématiques transversales de l’unité :

1. Des recherches sur les regroupements génériques.

- Analyse du corpus "récit de voyage" de la base Frantext en vue de dégager les constantes formelles susceptibles de définir un genre. L'étude utilisera les test de l'analyse quantitative et tentera de préciser ce qui fait la cohérence de textes réunis a priori dans un même corpus.

- Comment un texte se reconnaît-il comme texte ? Recherche sur les déterminations linguistiques (notamment au niveau des outils grammaticaux) qui permettent de fonder une typologie. Là encore la statistique figure au nombre des outils privilégiés, notamment dans le cadre d'une réflexion sur l'échantillonnage des corpus informatisés. (cf. les travaux de D. Biber).

- L'éclairage de l'imitation : parodie des genres, pastiche... à partir du roman d'Achille Tatius (IIe siècle), Leucippe et Clitophon.

2. Une analyse des procédures référentielles.

- Le problème du relatif de liaison chez Rabelais : un divorce entre cohésion et cohérence ?

- L'extraction de la référence en ancien français (choix des pronoms, anaphores et effacements).

- La construction du référent (dit et non-dit) : isotopies, complétude, consistance.

- L'émergence des discours dans les textes littéraires : au-delà de la pluralité des voix, comment le narrateur garantit la référence (corpus de romans du XVIIIe siècle).

- Le discours indirect libre : les pronoms "anaphoriques" sans antécédent comme révélateurs d'activité verbale implicite.

- Les réseaux sémantiques dans les textes poétiques, par exemple le merveilleux chez Eluard.

- L'organisation textuelle : espace et balises (relais, répétitions phénomènes échoïques). Réflexion sur l'ancrage mémoriel et l'interprétation des énoncés.
 
 

Ces recherches permettront de confronter la production du texte et les situations linguistiques. En effet les corpus envisagés, qui solliciteront les bases de données et, pour certains, un traitement statistique, couvrent différents états de la langue, du Moyen-Âge au XXe siècle. Ils s'ouvrent également à d'autres langues que le français.

Une synergie interne se dégage dans l'articulation des niveaux micro-textuels et macro-textuels, amorçant ainsi, avec des chantiers concrets, la recherche transversale sur la place et la valeur heuristique du recours aux différents types de corpus.
 
 
 


 
 
 

Le LAMA. Responsable : Michèle Biraud

Personnel impliqué

Membres permanents de l'UPRESA :

Michèle Biraud, Pr.

Michel Dubrocard, MdC.

Chantal Kircher, Pr.

Sylvie Mellet, DR

Membre associé :

Danielle Molinari, chargée de cours

Projets

Deux opérations sont retenues pour la période à venir :

L’apport de l’informatique à la recherche en linguistique des langues anciennes

Projet : Il serait donc utile en premier lieu de réaliser et de publier une enquête sur la place et l’impact de ces nouvelles techniques dans le renouvellement des études touchant aux divers domaines de la linguistique des langues anciennes (lexicographie, morphologie, syntaxe). La création récente d'une association européenne des enseignants-chercheurs de langues anciennes rend ce projet d'enquête matériellement facile à réaliser. Cette enquête fournira un bilan méthodologique et bibliographique, mais sa finalité est aussi prospective : avec la diffusion d'un rapport de synthèse, l'échange des expériences devrait créer une dynamique susceptible d'aider chacun à développer des projets innovants en optimisant l'usage de ces outils, dont nous n'utilisons sans doute les uns et les autres qu'une partie des potentialités. A court terme, on essaiera d’initier cette dynamique au cours d’un stage de formation, d’ores et déjà pris en charge par la DR 20, qui proposera aux participants la découverte de deux logiciels d’exploration et d’analyse statistique des textes latins (Nice, 8-10 juillet 99 ; formatrice : S. Mellet).

Parallèlement à l’enquête évoquée, on réfléchira à l’incidence sur nos pratiques de recherche du renouvellement, par l’outil informatique, des méthodes de constitution et d’exploitation des corpus : la philologie classique a toujours été une linguistique de corpus ; néanmoins, la recherche automatique d’occurrences, la possibilité d’échantillonner de manière moins intuitive un corpus, la rapidité des traitements qui permet de faire varier sans hésitation les paramètres d’analyse, tout cela modifie sensiblement la pratique du philologue. Les latinistes et hellénistes apporteront donc une contribution originale et non négligeable à la nouvelle thématique transversale de l’UPRESA (" Le corpus : objet problématique " : voir plus bas) ; dans ce cadre, ils confronteront leurs expériences à celles des autres linguistes ; mais ils développeront aussi les perspectives spécifiques à leur discipline en prévoyant pour janvier 2002 un colloque international où les participants, spécialistes des langues anciennes, exposeront la méthode et les conclusions de recherches inédites menées grâce à ces outils.
 
 

La description des sentiments et des émotions dans les littératures de l’antiquité : des faits de langue eu sens des textes. En collaboration avec le Centre de Narratologie appliquée de Nice (G. Puccini et E. Delbey)

Le projet est d'associer, sur un thème commun, des antiquisants linguistes et littéraires de l'Université de Nice, des chercheurs en linguistique et en littérature comparée intéressés par les textes antiques et des antiquisants d'autres universités françaises, dans le but de rechercher les composantes linguistiques et textuelles liées à la description de notions abstraites telles que sentiments et émotions.

Le choix du thème a été guidé par son omniprésence dans tous les genres littéraires de l'Antiquité, les sentiments étant généralement alors considérés comme le principal facteur de la causalité des actions humaines.
 
 


 
 

Thématique transversale : le corpus, objet problématique


 






Les échéances de renouvellement sont parfois utiles pour ouvrir la réflexion critique sur le travail effectué qui, par le propre effet de sa pérennisation et des routines mises en œuvre, risque parfois de se constituer en simple procédure de reproduction, en oubliant le caractère situé du contexte qui l’avait vu naître. Ainsi, au-delà des opérations spécialisées et des programmes, il nous a semblé important d’ouvrir un nouveau questionnement : il s’agit de tirer les leçons de notre pratique de recherche, de développer une réflexion sur nos méthodologies et donc en quelque sorte, d’évaluer nos approches, le type de résultats auxquels nous sommes parvenus, et les questions qui restent en suspens, dans le cadre d’un laboratoire qui pratique exclusivement la linguistique de corpus.

Le corpus, objet allant de soi au quotidien, sera questionné devenant ainsi " objet problématique ".

Que les corpus renvoient à des textes ou à de la parole enregistrée, ils peuvent être construits comme une ressource pour " prouver quelque chose " à travers une utilisation statistique ou, tout simplement, comme objet pour illustrer certaines propositions interprétatives. Autrement dit, ils peuvent renvoyer à une démarche empirique dont la nature positive est aussi questionnable ou à une démarche interprétative dont la composante herméneutique doit être appréhendée.

Par ailleurs, les dimensions informatiques qui permettent l’élaboration de bases de données, ne changent certainement rien au questionnement de fond, mais permettent de le poser avec plus d’acuité. Dans tous les cas, le corpus n’est pas un objet neutre c’est un objet construit dont la transparence et l’effacement apparents doivent être d’autant plus sévèrement questionnés que la question semble ne pas se poser de façon immédiate.

Construire une base de données sous tel ou tel système, instrumentaliser un corpus pour une approche hypertextuelle, prédéfinir des catégorisations et des critères de description, concevoir des outils d’exploration, ce n’est jamais innocent : heureusement ! Notre expertise passée nous donne les moyens d’initier une réflexion sur ces questions.

En outre, cette thématique n’émerge pas ex-nihilo. Elle est née d’une part des réflexions engagées par R. Nicolaï sur les pratiques d’élaboration de la preuve qui ont lieu dans le cadre de la recherche comparative sur les langues à tradition orale, là où les effets d’auto-construction sont flagrants et où l’on ne sait pas toujours si les données empiriques utilisées fonctionnent comme thème ou comme ressource pour la construction des faits ; et d’autre part de celles introduites par S. Mellet, qui confrontée aux approches quantitatives, à la pratique des grands corpus textuels, croise le questionnement précédent. La perspective est bien évidemment programmatique, mais le programme ambitionne d’approfondir ce que veut dire " constituer un corpus " et " coder les informations ".

Parallèlement, seront posées :

- la question des échelles d’analyse : y a-t-il une différence de nature dans le changement de focale, en passant du niveau macro au niveau micro et vice versa ?

- la question de la dichotomie entre qualitatif et quantitatif : quel sens donner à cette dichotomie alors que l’analyse qualitative fait toujours appel à des raisonnements quantitatifs plus ou moins " flous " (souvent, jamais, presque toujours, généralement…) et que l’analyse quantitative, aussi bien dans la définition des critères utilisés pour le dénombrement et la mesure des phénomènes que dans le contrôle de la situation de production (évaluation de l’informateur, de ses réponses, évaluation des critères de sélection des entrées retenues…) implique le qualitatif ?

- la question de l’interprétation : quelle est réellement la place de la réflexion empirique et celle de la réflexion herméneutique dans nos approches de " recherche pratique " ou dans nos pratiques de recherche.